2018,09.28 - Synthèse de Serena Vanbutsele

De Wiki 3DD - Espace de concertation

Une production agricole dans l'espace périurbain genevois

Par Séréna Vanbutsele
Dr. Architecte-Urbaniste
Maître assistante - Institut de la Gouvernance de l'Environnement et du Développement territorial (IGEDT)
Faculté des Sciences de la Société - Université de Genève

Des atouts

Il y a de l'agriculture à Genève. Genève bénéficie d'un héritage de la planification due à la compétence du canton. Cet héritage fait qu'il y a une proximité entre les lieux de vie et les espaces agricoles.

Cette agriculture genevoise est diverse, entre l'agriculture biologique et l'agriculture intensive, l'agriculture à Genève se décline en de multiples types d'agriculture.

L'agriculture à Genève répond à des besoins de reconnexion aux besoins fondamentaux humain d'accès à des espaces de nature, de comprendre le fils des saisons, …

Des Faiblesses

50% d'aliments produits à Genève ne trouvent pas preneurs à Genève. Autrement dit, 50% de la production Genevoise est donc "commercialisée" en dehors de Genève. On ne peut pas pour autant dire que la demande pour des produits locaux n'existe pas. En effet, on sent des nettes aspirations des consommateurs genevois pour s'alimenter avec de produits locaux. La définition du "local' n'est pourtant pas unanime (est-ce que local veut dire suisse, proche, …?)

L'autre faiblesse majeur est l'accès à la terre et de manière générale aux métiers du secteur primaire. Par habitude, par règlementation, l'accès à la terre est réservé à une filiation paysanne. Et même s'il y a accès à la terre agricole, il est interdit d'y construire une infrastructure nécessaire à l'exploitation agricole. Ce point questionne les parcours professionnels et les aspirations de travail. Dans les secteurs secondaires et tertiaires, les trajectoires professionnelles sont variées au cours d'une vie. Cette variété semble échapper au secteur primaire. Le modèle d'une famille paysanne qui possède la terre, la gère et la transmet est ancré et évince de potentiels jeunes agricultures qui veulent se lancer dans le secteur.

Des opportunités

L'agriculture genevoise dans sa diversité peut se réinventer. Le tourisme est une piste. On sent nettement des aspirations à d'autres styles de vie demandeurs de recréer une boucle compréhensible entre la production et l'alimentation. On sent poindre un lien entre l'agriculture et la qualité de l'alimentation, l'éducation diététique. L'alimentation peut devenir une thématique de projet urbain au même titre que la mobilité, ….

Les agriculteurs sont des entrepreneurs qui ont la capacité de s'adapter à des nouvelles demandes. Donc si la demande pour une production locale se confirme, l'agriculture sera capable d'y répondre.

Des menaces

La pression urbaine (avec les prévisions d'augmentation démographique) et économique sont telles que les arbitrages sont de plus en plus difficiles à opérer sur les multiples fonctions du périurbain. C'est un enjeu majeur de la planification, qui peut considérer l'agriculture comme un réel espace de projet, complexe et varié, qui prend de multiples formes et non pas comme une zone agricole uniforme.

La boucle entre l'agriculture et la ville se concrétise grâce à des infrastructures qui transforment la matière première. On pense notamment à des moulins, des abattoirs, … Ces infrastructures ont tendance à disparaitre ou à s'éloigner de Genève, induisant une perte de la maitrise de la filière agricole et une perte de savoir-faire. Il y a là un besoin à inventer des nouveaux types de relais entre l'agriculture et le milieu urbain que ce soit sous forme de fermes urbaines, de supermarchés participatifs, ….

A noter également : une réflexion partagée sur les notions d'urbain, de périurbain et de rural ainsi que sur l'échelle d'une problématique comme l'agriculture. Celle-ci demande à être pensée non pas à l'échelle du canton mais à l'échelle du Grand Genève, en particulier quand on pense diversification de l'agriculture et quantités produites.